Des interférences récentes dans les câbles sous-marins en Allemagne, Suède, Finlande et Lituanie illustrent la croissance des cyberattaques et des interférences hybrides perpétrées par la Russie, selon un expert de l’OTAN.
L’expert senior de l’OTAN sur les menaces cybernétiques et hybrides affirme que les attaques persistantes sur les câbles sous-marins à travers l’Europe représentent « la menace la plus active » pour l’infrastructure occidentale. James Appathurai, Assistant Secrétaire Général par intérim pour l’Innovation Hybride et Cyber, déclare que les attaques récentes sur les câbles de communication, attribuées par l’alliance à la Russie, font partie d’une croissance significative des cyberattaques, des interférences hybrides et d’autres ingérences en Europe.
Début novembre, deux câbles ont été sectionnés dans la mer Baltique entre la Suède et la Lituanie, et un autre entre Allemagne et Finlande, alarmant immédiatement les États membres et l’OTAN qui s’inquiètent de sabotage. « Les Russes mènent un programme qu’ils ont eu depuis des décennies. Cela s’appelle le Programme de recherche sous-marine russe, qui est un euphémisme pour une structure paramilitaire, très bien financée, qui cartographie tous nos câbles et nos pipelines énergétiques », déclare Appathurai. « Ils ont ce qu’on appelle des navires de recherche. Ils possèdent de petits sous-marins en dessous. Ils ont des véhicules télécommandés, des plongeurs et des explosifs », a-t-il indiqué lors de l’Europe Conversation d’Euronews.
En Allemagne et en Finlande, les gouvernements ont rapidement attribué la responsabilité à de potentiels sabotages concernant les attaques apparentes sur les câbles. « Personne ne croit que les câbles ont été endommagés accidentellement. Je ne veux pas croire non plus que les ancres des navires aient causé les dommages par accident », a déclaré le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorious. Le ministre de la Défense finlandais, Antti Häkkänen, a déclaré que l’OTAN devait faire beaucoup plus pour défendre l’infrastructure critique occidentale. La Suède a annoncé qu’une enquête sur les câbles était désormais en cours.
« La Russie attaque systématiquement l’architecture de sécurité européenne », a déclaré un communiqué conjoint des ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France, de la Pologne, de l’Italie, de l’Espagne et du Royaume-Uni. « Les activités hybrides croissantes de Moscou contre les pays de l’OTAN et de l’UE sont également sans précédent dans leur variété et leur ampleur, créant des risques de sécurité significatifs », indiquait le communiqué.
Quatre-vingt-dix pour cent des données de communication numérique du monde passent par les câbles sous-marins. En outre, environ 10 trillions d’euros de transactions financières y transitent quotidiennement. En plus des câbles, les infrastructures sous-marines critiques comprennent également des connecteurs électriques et des pipelines fournissant du pétrole et du gaz.
Appathurai ajoute que les cyberattaques, la désinformation et l’interférence politique sont également en augmentation. « Ce sont les normes de base. Et tout cela est plus élevé qu’avant. Ce qui est nouveau, c’est un appétit russe accru pour une campagne de sabotage », précise-t-il. « Cela signifie incendies criminels, déraillement de trains, attaques contre les propriétés de politiques, tentatives d’assassinat, par exemple, contre le responsable de Rheinmetall, le plus grand fabricant d’armement allemand qui fournit à l’Ukraine d’importants obus d’artillerie de 155 mm. Les services de renseignement américains ont déjoué le complot d’assassinat en juillet dernier, qui faisait probablement partie d’un plan plus vaste visant des dirigeants de l’industrie de la défense fournissant l’Ukraine. »
